
Nous pourrions croire que tous les réunionnais ont une image bien définie de leurs ancêtres, inscrite dans leur conscience collective. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas.
C'est là que rentre en jeu le travail de l'artiste, ce dernier fait le lien entre l'abstrait et le concret, l'imaginaire et la réalité, le spirituel et le matériel. C'est un réceptacle. Sans l'artiste il n'y aurait finalement que le néant de l'ignorance spirituelle. L'artiste met aussi en image l'épopée dont l'oralité ancestrale s'évertue à nous transmettre, génération après génération.

Decembra Lokha est une artiste réunionnaise de la diaspora, qui vit sur Paris. D'ascendance mozambicaine comme beaucoup d'afro-descendants réunionnais, venus du Mozambique et de Madagascar. Sa connexion ancestrale commence par des rêves récurrents et une énergie ésotérique qui la pousse à créer. Elle s'intéresse à l'histoire de ses ancêtres et comme tout réunionnais, elle est magnétiquement attirée par l'histoire de ses ancêtres du marronnage.
La Reine Héva et sa fille la Reine Marianne sont les premières à lui lancer un appel à la création sur ce thème particulier. Elle m'avouera : "Marianne m'a mis la pression quand je l'ai peint." C'est normal, lui dis-je, Marianne est pleine d'énergie et très exigeante (moi qui ai fait un film d'animation et de nombreux articles sur elle, j'en sais quelque chose).

Nos ancêtres vivent au travers de nous-même, nos ancêtres vivent au travers de chaque œuvres artistiques qui leur ai destinée, nos ancêtres vivent chaque fois que nous leur adressons nos pensées.
Les marrons ont brisé leurs chaînes mais nous avons conservé leur ADN.
Mickaël Joron
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