Ces réunionnais qui rejettent leurs origines

   Frantz Fanon en a fait état dans ses œuvres. L'individu élevé dans un climat d'assimilation forcée — ou incitée — sera de plus en plus sujet à une crise identitaire. 

    C'est une situation courante à la Réunion. Le rejet de soi s'exprime le plus souvent au travers du racisme envers les comoriens, les mahorais, malgaches ou tout ce qui vient d'ailleurs. L'insularité profite aussi à la fermeture d'esprit de certains individus. Un parallèle avec la République Dominicaine et son racisme anti-haïtien. La culture créole c'est aussi l'extrapolation d'une quête de l'hybride, archétype de l'inconscient collectif. Un hybride de préférence clair de peau. Nous vivons ainsi la même problématique des latinos. 

« Même si les choses tendent vraiment à changer avec la jeune génération »

La question noire se pose encore en 2022, dans nos sociétés post-esclavagistes. Il y a 10 ans, nous écrivions déjà sur ce sujet pour l'émission antillaise Bworld connection dans un article intitulé : "La réalité afro-réunionnaise en 2013" . L'expression créole : "Jwé pa déor, sou soléy, sinon ou va nwarsi !" (Ne joue pas dehors, sous le soleil, sinon tu vas noircir !) a toujours une résonnance dans la mentalité de certains. Même si les choses tendent vraiment à changer avec la jeune génération, qui s'efforce de ne pas reproduire les erreurs du passé.

Néanmoins à la Réunion, nous avons trop tendance à nous laisser aller dans la facilité de la stigmatisation de l'autre. C'est encore plus dangereux, quand des institutions se mettent à jouer avec le feu. C'est le cas dernièrement avec la Une d'un grand journal de chez nous stigmatisant les combats traditionnels des mahorais. Une vieille rengaine discriminatoire dans la presse réunionnaise, par rapport aux pratiques afro-descendantes dans la société créole. C'était déjà le cas en 1850 avec le carnaval (voir la vidéo ci-dessous). 

Ne nous laissons pas traîner sur une descente mortelle. Soyons ensemble face aux défis de demain.